Un peintre académique : Emile Vernon 1872 - 1919
Les peintures d'Emile Vernon sont pour le moins éloignées de l'art contemporain, de l'expressionnisme allemand et, bien sûr, on pourra toujours prétendre que ses images sont mièvres, à l'eau de roses et sans grande signification mais il n'empêche ; elles sont fraîches, agréables à regarder, elles sont tout simplement 1900. D'ailleurs, à bien y réfléchir, pourquoi cette production serait-elle plus ridicule, moins honnête et de moindre valeur que les oeuvres d'aujourd'hui ?
Élève des Beaux-Arts de Tours, Emile Vernon y reçu le premier prix de dessin en
1888. Puis, à Paris, il suivit l’enseignement de William Bouguereau et d’Auguste
Truphème (1836-1898). En 1898, il participe à l'exposition des Beaux Arts et
des Arts décoratifs de Tours et débute au Salon des Artistes Français.
Il y exposera régulièrement jusqu'en 1913, présentant notamment portraits,
paysages et peintures florales. Il fera quelques peintures murales sur
commandes, telles celles réalisées pour le théâtre de Châtellerault en 1899.
Emile Vernon excelle dans les peintures à l'aquarelle de femmes et d'enfants aux couleurs
sucrées et aux décors bucoliques mais sait aussi se montrer plus rigoureux à
travers le portrait de Madame Vernon, Sous la Lampe. Plus académique que vraiment original et comme on peut aisément l'imaginer, l'artiste ne connut aucun problème pour faire admettre ses peintures au charme délicat et reste,
aujourd'hui encore, assez méconnu.
Certes,
les détracteurs - à savoir les tenants du modernisme et, surtout, de l'art
contemporain - auront beau jeu de critiquer les peinture d'Emile Vernon.
Incontestablement ce genre de production n'invente rien, ne raconte rien et
dénonce encore moins, l'objectif principal reste celui de plaire et de flatter
le regard, un point c'est tout !
On peut aussi parfaitement penser que les jeunes femmes d'Emile Vernon sont
dépourvues d'âme, qu'elles se contentent uniquement d'être gracieuses en
ressemblant, au sens propre, à de gentilles poupées.
Dès lors, l'image de la femme peut sans doute s'en trouver amoindrie et
dévalorisée, mais à choisir entre une poupée à la mode Vernon du siècle dernier
et l'actualité d'un homard géant, tout autant dénué de sens, à la façon Jeff
Koons, nombreux seront probablement ceux qui préféreront encore les représentations
féminines légères et aimables du peintre académique.
L'art peut-il se résumer à une question de goût, de mode ou d'innovation ? Très
certainement mais il restera néanmoins toujours une part de subjectif. Celui
d'hier, peu innovant, n'en demeurait pas moins souvent chargé de sens, il
racontait et donnait à voir. Celui d'aujourd'hui - le contemporain - davantage
axé sur une recherche formelle qui implique désormais tous les champs
artistiques, s'est progressivement détourné de l'image plane donc de la
peinture et ne donne que rarement à voir. Au final, une même origine a engendré deux formes d'expression très
différentes avec peu de points communs et ces formes sont rapidement devenues
antagonistes.
Cependant, le problème majeur demeure que le premier, c'est-à-dire l'art contemporain,
revendique la primauté absolue sur le second : la peinture actuelle, qui bien
entendu continue toujours à se faire. Ce que d'ordinaire on nomme La Critique,
suivie par quelques collectionneurs ou institutions plus ou moins influençables,
porte naturellement sa part de responsabilité dans l’affaire. Gageons que l'histoire de l'art rétablira un jour un juste équilibre entre : art académique, art moderne, art contemporain et peinture actuelle.
Paul Merwart
Sur le dessin académique, cliquez !
Guillaume Seignac - Georges Rochegrosse - Jules Lefebvre - John William Godward - Emile Vernon - Jean-Léon Gérôme - William Bouguereau - Paul Merwart - Léon Comerre
Marc VERAT - Index
L'Art Académique - Sommaire
L'Art Académique - Synopsis