William Bouguereau à l'Académie Julian
Jefferson David Chalfant, American, 1856 - 1931 - Bouguereau's Atelier at the Academie Julian, Paris 1891
Sous le Second Empire, Rodolphe Julian ouvre des ateliers de peinture et de sculpture au 31 rue du
Dragon, dans les locaux qui sont actuellement ceux de l'ESAG Penninghen.
Les ateliers de peinture seront dirigés par William Bouguereau
et Gabriel Ferrier, par Jean Paul Laurens et Benjamin Constant, et l’atelier de
sculpture par Alfred Bramtot et Henri Doucet.
L’objectif de l’enseignement est de préparer les élèves à entrer à l’Ecole
des Beaux-Arts, à concourir pour le Prix de Rome ou à présenter leurs œuvres aux
Salons. L’enseignement est basé sur la tradition académique, aux règles très
strictes. L’apprentissage du dessin débute par la copie d’après gravure. L’étude
des « plâtres » permet ensuite à l’élève de se familiariser à la fois avec
l’Antiquité et avec « l’effet », c’est-à-dire les différentes valeurs et les
demi-teintes. Ensuite seulement, l’étudiant est autorisé à dessiner d’après le
modèle vivant. Il ne s’agit cependant pas de représenter le modèle tel qu’il
est, de manière réaliste ou naturaliste, mais plutôt de se rapprocher des canons antiques de la
perfection, ce qui conduit certains élèves à traiter le modèle vivant comme un
plâtre.
L’Académie constituait aussi, pour les jeunes femmes, la seule alternative
aux cours offerts par l’Ecole des Beaux-Arts. Longtemps exclues de cet
établissement prestigieux, les femmes artistes n’obtiendront d’y être admises
qu’en 1897, à une époque où sa suprématie décline déjà. En outre, elles ne
seront autorisées à concourir pour le Prix de Rome qu’à partir de 1903.
L’Académie Julian a ainsi accueilli et formé pendant un siècle de très nombreux
artistes, venus notamment d’Amérique et d’Europe (l'École des Beaux-Arts imposait aux candidats une difficile épreuve de
langue française), à la recherche d’un
enseignement académique dans le Paris avant-gardiste.
C’est en 1959 que Guillaume Met de Penninghen et Jacques d’Andon acquérirent l’Académie Julian : ils y dirigent des ateliers de préparation aux grandes écoles d’Art. En 1968, l’Académie deviendra École Supérieure d’Arts Graphiques. cf/ESAG Penninghen
La classe de sculpture de Denys Puech à l'Académie Julian en 1894. William Bouguereau, Jules Lefebvre, et Tony Robert-Fleury figurent parmi les professeurs de l'Académie.
Académie Julian en1908
Située tout d'abord en 1868 au passage des Panoramas à Paris dans le IXème arrondissement, l'Académie ouvrira par la suite deux
autres ateliers, l'un au 31 rue du Dragon dans le VIème, l'autre au 51 rue Vivienne dans le second arrondissement, ce dernier ayant la particularité d'accueillir les
jeunes-femmes à partir de 1880. Elles auront en outre la
possibilité de peindre des nus, preuve d'ouverture et de libéralisme pour l'époque.
De par la qualité de ses enseignants, l'Académie Julian acquit rapidement une
certaine renommée. Elle put ainsi présenter ses élèves au Prix de Rome tout en servant
de tremplin à ceux qui ambitionnaient d'exposer dans les Salons ou de se
lancer dans une carrière artistique.
Tout comme dans les écoles des Beaux-Arts, les étudiants sont souvent livrés à eux-mêmes, il n'est pas rare que le professeur ne fasse qu'une courte apparition - l'apprentissage se faisant finalement autant à travers l'émulation et les conseils entre élèves. La discipline n'était pas des plus rigoureuse et, à l'occasion, les élèves se faisaient
remarquer par leurs canulars et leurs défilés dans les rues, les
scandales se succédant jusqu'en pleine Belle Époque.
Le premier document représente sans doute le cours de Monsieur Bouguereau rue du Dragon, l'ambiance est bon enfant et les "rapins" ont pris la pose pour la photo-souvenir dans un coin de l'atelier, vers les portes-manteaux et la galerie de portraits. Le modèle, la seule femme de l'assemblée, est souriante et bien entourée, elle paraît nullement gênée par sa nudité et tient familièrement un étudiant par le cou avec la main posée sur la tête d'un autre. Une énigme, le jeune garçon sur la gauche en uniforme ? A noter aussi : le seau à charbon pas loin du tuyau de poêle et de l'estrade où pose habituellement le modèle.
L'Académie Julian sera fermée pendant la Seconde Guerre mondiale et deux de ses
ateliers vendus en 1946.
L'atelier de la rue Vivienne réservé aux femmes se situe au premier étage. C'est l'épouse de
Rodolphe Julian, Amélie Beaury-Saurel qui en avait
pris la direction. Les tarifs pour les femmes étaient le double de celui des
hommes au rez-de chaussée.
Pour de plus amples informations : http://pagesperso-orange.fr/verat/la_peinture/Enseignement-des-Arts.htm
Peintre prolifique, William Bouguereau est l'un des
artistes favoris de la bourgeoisie du Second Empire, de la
Troisième République et plus encore peut-être des riches amateurs d'art américains.
Professeur à l'Ecole des Beaux-arts, à l'Académie Julian et membre du jury,
Bouguereau ferme la porte du Salon aux impressionnistes qui
par dépit inventent le terme "bouguereauté" pour désigner la facture lisse de sa peinture. Pour
Bouguereau comme pour tout héritier du classicisme d'Ingres, le dessin est primordial,
la couleur reste secondaire et appliquée souvent selon la
technique du glacis, la touche est imperceptible.
Bouguereau n'a jamais fait et ne fera semble-t-il jamais l'unanimité : Rappelons Zola dans la Lettre de Paris, parue en Juin 1875, [...] Bouguereau porte à l'extrême les insuffisances
de Cabanel. La peinture sur porcelaine paraît grossière à côté de ses toiles.
Ici le style académique est bien dépassé : c'est le comble du pommadé et de
l'élégance lustrée. Son tableau, La Vierge entourée de l'Enfant Jésus
et de saint Jean-Baptiste, est en tout
caractéristique de son style. Je n'y ai pas fait allusion en traitant des
tableaux religieux, parce que sa place est au boudoir, non à
l'église.
Les ateliers
libres :
- L'Académie de la Grande Chaumière, qui se nomme depuis 1957, Académie Charpentier, est une
école
d'art située 14 rue de la Grande Chaumière, dans le VIème arrondissement. Fondée en 1902
par la Suissesse Martha Stettler
(1870-1946), l'Académie fut réputée au début du XXème siècle, c'est une école libre où l’on peut travailler selon ses possibilités
et ses loisirs. Elle est ouverte toute l’année sauf au mois d’août et accueille
des élèves de toutes nationalités. L'Académie de la Grande Chaumière symbolise pour une part la vie artistique de Montparnasse et propose depuis un siècle des séquences
de croquis et de peinture de nus. Y ont enseigné des maîtres tels : Bourdelle,
Zadkine, Friesz...
http://www.grande-chaumiere.fr
- L'Académie Colarossi a été créée par le sculpteur italien Filippo
Colarossi. Située d'abord sur l'île de la Cité, elle
migre dans les années 1870 également rue de la Grande Chaumière, au numéro 10. À la fois école privée et atelier libre, elle constituait
une des alternatives à la très officielle École des
Beaux-Arts, devenue trop conservatrice aux yeux de certains artistes. Tout comme les académies Julian et de la Grande Chaumière, l'école de Colarossi
acceptait les étudiantes, et les autorisait à peindre d'après des modèles
masculins nus. Reconnue également pour ses cours de sculpture d'après modèle, l'institution attira nombre
d'élèves étrangers, non seulement américains mais aussi scandinaves et russes. L'école fermera dans les années 1930.
Parmi les femmes artistes de ces ateliers privés et de l'Académie Julian en particulier :
Marie Bashkirtcheff, qui dressa dans son
journal un portrait acide de la directrice, Amélie Beaury-Saurel, qu'elle surnomme ironiquement l'espagnole et qui s'occupe alors de l'atelier
des femmes tout en continuant une carrière de portraitiste. Louise Breslau, d'origine
allemande, malade,
souffrant de difficultés respiratoires et qui passait le plus clair de son temps
alitée. Fort heureusement pour Louise, son amie peintre de l'Académie,
Madeleine Zillhardt, avec qui elle vécut
pendant quarante ans, lui apporta soutien et réconfort. Elle eut aussi
a subir les critiques de sa camarade Marie Bashkirtcheff,
malade également et qui, elle, ne vivra que 25 ans. Complètement oubliée,
il semble que Louise Breslau, à l'instar de l'enseignement académique, connaisse aujourd'hui un regain d'intérêt.
http://pagesperso-orange.fr/verat/la_peinture/Marie_Bashkirtseff.htm
Académie Julian, In The Studio 1881 - Maria Bashkirtseff 1858-1884
Splendeurs et misères d’une administration
Lorsqu’il prend les
rênes du musée parisien du Luxembourg en 1892, Léonce Bénédite (1859-1925)
hérite d’une institution créée en 1818 dont la vocation est d’acquérir les
œuvres les plus importantes des artistes contemporains. Mission délicate,
puisqu’il s’agit de valoriser l’art français dans un contexte de concurrence
accrue entre les nations (créations de la Neue Pinakothek de Munich en 1853, de
la Tate Gallery de Londres en 1897). Elle suppose des choix d’autant plus
difficiles qu’il lui manque ce recul qui permet de sanctionner, au-delà de la
mode, la valeur des artistes vivants, que le nombre d’œuvres exposées croît
chaque année, et que les changements esthétiques s’accélèrent. Elle suppose
enfin des crédits. Or, l’institution n’a pas les moyens de sa politique. Elle
compte à peine 400 tableaux quand Bénédite arrive à la tête du musée, mais c’est
plus qu’elle ne peut en abriter. En 1886, le Sénat, installé au palais du
Luxembourg, remise le musée dans l’orangerie où il se trouve à l’étroit.
Bénédite n’aura de cesse de réclamer (en vain) des locaux dignes de
l’antichambre du musée du Louvre.
Jusqu’en 1890, les acquisitions onéreuses
se font parmi les œuvres qui sont exposées au Salon. Manifestation prestigieuse,
reconnue par la grande majorité des artistes, il était normal d’y puiser.
A
part les premières années du régime où l’on soutint la peinture d’histoire et la
peinture religieuse, la République, affermie, s’interdira au nom de la liberté
de l’art, de privilégier tel ou tel courant. Mais les crédits sont si maigres
qu’elle propose des prix d’achat très bas : la qualité s’en ressent. A peine le
dixième des acquisitions (le « premier choix ») gagne le Luxembourg. La
politique de la IIIe République en faveur de l’art moderne eût été
clarifiée si une part de ses crédits d’acquisition n’avait été détournée de sa
vocation première pour satisfaire des demandes (artistes en difficulté,
interventions parlementaires en faveur de tel ou tel artiste, etc.). Situation
brocardée par Degas proposant de réunir les budgets des Beaux-Arts et de
l’Assistance publique... cf/ Philippe SAUNIER
William Bouguereau - Déclinaisons
http://pagesperso-orange.fr/verat/initial.htm
http://pagesperso-orange.fr/travail-de-memoire/Synopsis-sommaire.htm
http://pagesperso-orange.fr/atelier.bruce.krebs/expos/b-arts/oceanide2.htm